Actes personnels : définition et exemples essentiels
Entre tutelle et curatelle, la frontière juridique se dessine dans le moindre détail du quotidien : achat, vente, contrat, gestion d’un compte bancaire. La loi impose des formalités strictes, mais laisse subsister des marges d’appréciation selon la nature de l’acte accompli.
Certaines démarches restent réservées à la personne protégée, d’autres requièrent l’intervention du tuteur ou du curateur, parfois même l’autorisation du juge. Cette distinction, loin d’être théorique, conditionne la capacité à agir et la protection des intérêts de l’individu concerné.
Plan de l'article
Comprendre les actes personnels en tutelle et curatelle : enjeux et portée juridique
La protection juridique des majeurs s’organise autour d’une question : jusqu’où préserver l’autonomie sans exposer la personne à des risques ? Les actes dits « personnels » marquent cette limite, là où la loi refuse toute substitution, même en situation de tutelle ou de curatelle. Le code civil fixe le cap : ces décisions, qui engagent l’intimité ou l’identité, sont laissées à l’initiative du majeur protégé, dès lors que son état le permet.
Le législateur a dressé la liste de quelques actes strictement personnels, qu’aucun représentant légal ne peut accomplir à la place de la personne concernée. Voici les principaux actes concernés :
- Déclarer ou reconnaître un enfant
 - Exercer l’autorité parentale
 - Choisir ou modifier son nom
 - Consentir à une adoption
 
Impossible pour le tuteur ou le curateur d’intervenir ici. Même le juge des tutelles n’a pas le pouvoir d’agir à la place du majeur protégé sur ces sujets.
Le consentement aux actes médicaux illustre bien cette exigence de respect de la volonté individuelle. La règle : il faut interroger la personne concernée, recueillir son accord libre et éclairé. Si le majeur protégé ne peut pas s’exprimer, le juge peut désigner le tuteur ou le curateur pour assister ou représenter, mais cette intervention reste strictement encadrée. Il existe également la possibilité de nommer une personne de confiance, souvent un proche ou un aidant, pour faire entendre la voix du majeur lors de choix médicaux sensibles.
Ce jeu d’équilibre entre sécurisation et respect de l’individu interpelle tout l’entourage : proches, familles, professionnels. Accompagner la personne protégée, surtout en cas de désaccord, suppose dialogue et vigilance. Le recours au juge des tutelles reste ouvert, notamment lorsqu’une contestation surgit ou si la portée d’un acte fait débat.
Quelles différences entre tutelle et curatelle ? Focus sur les droits et limites concernant les actes personnels
Pour comprendre la logique de la tutelle et de la curatelle, il faut revenir à leurs mécanismes fondateurs. Deux approches structurent ces dispositifs :
- La représentation : typique de la tutelle, où le tuteur agit au nom et pour le compte de la personne protégée
 - L’assistance : propre à la curatelle, qui accompagne le majeur sans le dessaisir de ses droits
 
En curatelle, la personne garde la main sur ses affaires courantes : régler ses factures, gérer son budget, signer un bail… Pour les décisions majeures, vendre un bien immobilier, contracter un emprunt, le curateur intervient, cosigne, vérifie. L’autonomie subsiste, sous contrôle.
La tutelle, elle, va plus loin. Le tuteur représente la personne sur tous les actes de la vie civile, y compris la gestion de ses biens. Besoin de vendre, d’acheter, de modifier un patrimoine ? Le tuteur agit, mais doit parfois solliciter l’accord du juge des tutelles pour les opérations les plus engageantes. Parfois, la désignation d’un conseil de famille s’impose, notamment pour des questions patrimoniales ou en cas de conflit d’intérêts.
| Curatelle | Tutelle | |
|---|---|---|
| Actes d’administration | seul | tuteur seul | 
| Actes de disposition | avec curateur | tuteur, avec autorisation du juge | 
| Actes personnels | réalisés par la personne protégée, sauf incapacité | |
La curatelle n’est pas monolithique : elle se décline sous plusieurs formes (simple, renforcée, aménagée), adaptées à la situation du majeur protégé. Le juge ajuste le niveau d’assistance, selon la complexité des affaires ou l’état de santé. La tutelle, elle, intervient seulement lorsque la perte d’autonomie rend indispensable une protection complète, sans pour autant priver la personne de ses droits sur ses actes personnels.
Exemples concrets et ressources utiles pour accompagner vos démarches
Le terrain des actes personnels recoupe les moments charnières de la vie : mariage, PACS, divorce. Depuis la loi du 23 mars 2019, il n’est plus nécessaire d’obtenir l’accord préalable du tuteur ou du curateur pour se marier sous régime de curatelle ou de tutelle. En revanche, il reste obligatoire d’informer ce dernier, et le curateur ou le tuteur peut s’opposer à l’union devant le juge si la situation met en jeu la protection du majeur. Pour le PACS, la convention doit être signée en présence du curateur ou du tuteur, selon la mesure appliquée.
Le choix du logement soulève souvent des questions concrètes. La loi prévoit que le domicile du majeur protégé doit rester à sa disposition autant que possible. Une vente ? Elle ne se fait qu’avec l’autorisation du juge des tutelles. Même vigilance pour les comptes bancaires : l’ouverture ou la clôture de comptes doit être limitée, le tuteur ou le curateur privilégiant la gestion des comptes existants pour éviter les complications.
La répartition des missions entre protection de la personne et gestion patrimoniale se pratique de plus en plus. Ainsi, il n’est pas rare qu’un curateur à la personne ou un tuteur à la personne accompagne les décisions liées à la santé, au logement, à la vie sociale, tandis qu’un autre intervenant gère l’aspect financier.
Pour initier ou adapter une mesure de protection, la requête s’adresse au juge des tutelles, accompagnée d’un certificat médical délivré par un médecin agréé. La mainlevée ou la modification d’une mesure de protection se décide à l’issue d’un examen régulier, généralement tous les cinq ans, sauf circonstances particulières. Quant aux barèmes de rémunération des mandataires judiciaires, ils sont disponibles sur le site du service public.
À chaque étape, l’équilibre reste fragile entre assistance nécessaire et respect de la volonté propre. C’est finalement à la lumière de chaque histoire individuelle que la frontière des actes personnels prend tout son sens.
            