Comment se préparer mentalement à la douleur de l’accouchement ?

J’accouche bientôt, que faire de la douleur ? Résumé du livre


Maïtie Trélaün, sage-femme et auteur du livre J’accouche bientôt, que faire de la douleur ? nous raconte qu’un jour, en arrivant chez la femme qu’elle allait accompagner pour son accouchement à domicile, elle la trouve accrochée à son radiateur. À chaque contraction elle enroule la jambe droite autour de sa jambe gauche à tel point que ça fait un tour complet. Voyant cette hyper fermeture, elle est tentée de lui faire changer de position. Mais vu que tout va bien, elle choisit de la respecter et au bout d’une heure, la femme se déroule soudainement et la naissance se fait très vite.

En discutant avec l’ostéopathe qui suivait la jeune maman, elle découvrit plus tard que la position du bébé dans le bassin n’avait pas permis qu’il résolve une tension importante dans l’articulation sacro-iliaque droite. Ce fut une révélation : le femme, guidée par la douleur a pris cette position biscornue, lui permettant de résoudre elle-même la tension et ainsi d’accoucher dans la douceur.

Nous allons découvrir ici une autre manière d’aborder les douleurs de l’accouchement.

Notre société rejette la douleur

Remarquez que la société dans laquelle nous vivons n’accueille pas la douleur mais cherche à la supprimer dès ses premiers signes d’apparition. L’auteur nous rappelle que plus nous prenons des sédatifs, plus nous abaissons notre seuil de ressenti et d’acceptation de la douleur. Et moins nous accueillons la douleur, moins nous pouvons la comprendre, lui donner un sens, une raison d’être. Et tout l’objet de ce livre, c’est de comprendre le sens de la douleur.

La douleur nous protège

L’auteur affirme que la douleur est notre plus grand protecteur. Par ses signaux désagréables qui s’ancrent dans notre mémoire, elle nous aide à maintenir notre intégrité corporelle et nous protège des dangers. Sans elle, la vie ne pourrait pas exister. On n’aurait par exemple pas le réflexe d’enlever notre main du feu lorsque celui-ci nous brûle.

Prenons-la comme guide

Les douleurs d’accouchement se manifestent très différemment d’une femme à l’autre et d’un accouchement à l’autre. Certaines femmes ont compris le sens de la douleur et prennent les douleurs de l’accouchement comme guide : si j’ai mal, c’est qu’il y a une résistance en moi ; là où j’ai mal, c’est à cet endroit que je dois détendre, relâcher, ouvrir, pour que mon bébé puisse sortir. Ces femmes trouvent les meilleures positions d’accouchement pour elle et leur bébé à chaque étape de la naissance, simplement en écoutant leur corps.

Le rite initiatique féminin

Maïtie Trélaün voit l’enfantement comme un rite initiatique, permettant à la femme de devenir mère. Si les rituels initiatiques des éthnies qui nous ont précédé sont réservés aux hommes, c’est que pour les femmes il existe l’enfantement. Les rites varient mais on retrouve toujours un rapport à la douleur comme si l’expérience indicible de la douleur nous permettait de quitter ce que nous étions pour devenir ce que nous sommes. L’enfantement ouvre à la femme l’accès à une partie d’elle qu’elle ne soupçonnait pas : une force et surtout une profonde confiance dans ses capacités à accompagner son enfant dans la vie.

La place du père

La naissance du bébé est donc celle d’une mère, mais ne l’oublions pas aussi celle d’un père. Le père a besoin d’avoir une place lors de la naissance pour réaliser son passage à lui. Il a souvent besoin de comprendre ce qui se passe pour rester en connexion et apporter le soutien et la présence rassurante dont la maman a tant besoin lors de cet événement.

La péridurale : fuite ou solution ?

Pourquoi ne pas avoir recours à la péridurale pour apaiser la douleur ? L’auteur parle d’une étude randomisée de l’effet de la péridurale sur la douleur. Son résultat est très étonnant : les femmes qui demandent une analgésie péridurale, à qui l’on pose le cathéter mais à qui l’on injecte un produit dénué de tout analgésique, un liquide physiologique tel que nos larmes, sont aussi satisfaites que celles à qui l’on injecte un analgésique. Un contrôle trois ans plus tard arrive au même résultat. Bien sûr, lors de l’étude ces mères ne sont pas au courant, ni même ceux qui font l’injection (l’étude était en triple aveugles).

Cette étude montre bien la complexité du phénomène de la douleur et le grand besoin de la femme qui accouche d’être rassurée, c’est la plupart du temps pour ça qu’elle demande la péridurale. Il est indéniable que cette technologie a pu aider certaines femmes en souffrance à accoucher plus sereinement, mais à combien de femmes a t-elle provoqué la sensation dans les tripes d’être passées à côté de leur accouchement et de ne pas totalement être devenues mère (provoquant des dépressions post-partum) ?

La douleur devient conscience

La connaissance s’éveille au travers de la douleur. Nous ne sentons nos limites que dans la douleur. C’est par exemple évident dans le domaine de la santé : je ne sens mon estomac que lorsqu’il me fait mal ! Sans cela, je ne sens même pas que j’ai un estomac … c’est dommage. Nous avons en partie perdu cet éveil à nos sens et à nos émotions. Mais il est possible de se réapproprier cette sensoralité. L’auteur ose donc imaginer que l’accouchement sans douleur est possible, non parce qu’on a trouvé le moyen de la fuir mais plutôt parce qu’en améliorant l’écoute et la conscience de notre corps, on l’a rendue inutile.

Pour résumer ce qui m’a marqué et que j’ai beaucoup apprécié dans ce livre, c’est que l’auteur nous amène à aller plus loin que la simple acceptation de la douleur en tant que passage désagréable nécessaire pour accoucher. Elle nous invite à accueillir la douleur avec gratitude (qui alors peut ne plus être définie comme de la douleur) pour bénéficier de tous ses trésors cachés qu’elle peut nous apporter et apporter à notre bébé.

Pour ceux qui veulent aller plus loin, n’hésitez pas à le lire, le livre est assez technique parfois quant à la biologie humaine, mais vaut vraiment le coup d’être lu.

Bonus : 10 raisons pour lesquelles tant de femmes accouchent dans la douleur

Cela vous surprendra peut-être que nous remettions en cause l’idée de la douleur lors de l’accouchement. Et pourtant, il y a pas moins de 10 jours naissait notre petit Léon dans la chaleur de notre maison et la naissance s’est déroulée en une heure seulement, dans la plus grande douceur et sans souffrance. Et nous ne sommes pas un cas isolé. Des milliers de femmes dans le monde décrivent leur accouchement comme plaisant et extatique.

Le Dr. Dick Read affirme qu’une femme en bonne santé peut donner naissance sans douleur et sans danger, pour autant qu’elle soit respectée dans sa nature de femme. D’après Wikipedia, “Certaines parturientes vivent d’intenses souffrances, alors que la douleur est plus légère pour d’autres, et que certaines n’en ressentent presque aucune manifestation”.

Si elle n’est pas inéluctable, pourquoi donc tant de femmes donnent naissance dans la douleur ? Voici notre recensement de ce qui nous apparait comme les 10 principales raisons :

1. Notre héritage religieux

Souvenez-vous le jardin d’Eden… et Eve croquant la pomme avant que Dieu lui dise : “tu enfanteras avec douleur”…

L’interprétation la plus commune qui est faite de cet épisode depuis 20 siècles est que la douleur de l’accouchement serait la punition que Dieu inflige à la femme pour expier ses fautes et notamment celle du plaisir éprouvé pendant l’acte sexuel. Garderait-on encore aujourd’hui la croyance inconsciente que donner naissance dans la douleur est une malédiction divine ? Qu’est-ce que cela changerait sur notre accouchement si nous nous libérerions de cette croyance ? De nombreux explorateurs des siècles passées avaient d’ailleurs remarqué que chez les “primitifs” pas encore “évangélisés” les femmes mettaient leurs bébés au monde avec la simplicité et le naturel des femelles animales.

2. Notre culture

Des médias aux mamans que vous cotoyez en passant par les médecins, vous entendez continuellement à quel point l’accouchement est douloureux et risqué. Votre seule chance de vous en sortir semble être de confier entièrement votre accouchement à un médecin spécialisé.

Nous sommes dans une culture patriarcale où les femmes donnent leur pouvoir aux hommes (et où les hommes prennent le pouvoir des femmes, les deux vont de pair). De plus il est d’autant plus facile de donner son pouvoir à quelqu’un qui porte la blouse blanche de l’expert… Pourtant, l’accouchement est un évènement très féminin, il fait appel aux instincts, à la connexion à soi, aux liens avec bébé, beaucoup plus qu’au monde cérébral et guerrier masculin.

Il conviendrait de laisser la femme se ré-approprier son accouchement, elle-même étant la seule à savoir ce dont elle et son bébé ont besoin pour accoucher en douceur. Il est vrai que notre culture, et notamment le monde médical, est en pleine mutation. Mais en mutation lente ; ça résiste de toute part, chacun défendant ses intérêts et ses croyances. Elle a forcément un train de retard par rapport aux connaissances humaines les plus récentes ou les plus novatrices de son temps.

3. Nos peurs

Les peurs, qu’elles soient conscientes ou inconscientes, peuvent amener le corps de la femme à se mettre en lutte contre le processus de la naissance. Ceci rend le travail plus dur, amenant plus de sensations, ce qui déclenche plus de peurs donc plus de résistance, de douleur, de peurs… La spirale descendante peur-tension-douleur est enclenchée.

Toutes les femmes ont peur, c’est tout à fait normal. Elles ont peur des complications, de la douleur, mais peut-être bien qu’au dessus de tout ça elles ont peur de voir leurs ombres, si souvent enfouies. La clé est de ne pas chercher à éradiquer les peurs car cette lutte amène la tension. Reconnaissez-les, accueillez-les et désarmez-les en faisant le choix conscient de ne pas vous laisser guider par elles.

Sachez qu’en étant entourée par une ou des personnes qui vous encouragent et ont confiance en vous, vous désarmerez vos peurs avec beaucoup plus de facilité. Le choix du partenaire de naissance peut donc être déterminant dans le déroulement de votre accouchement. Si vous craignez que vos peurs vous terrassent durant votre accouchement, envisagez la possibilité d’être accompagnée par une doula.

4. Nos tabous sur la sexualité

La sexualité est un thème tabou pour la plupart des gens. L’idée même de se représenter l’accouchement comme un acte sexuel (ce qu’il est, au strict sens du terme) rend la plupart d’entre nous mal à l’aise. À la fois source d’obsessions et de dégoûts, il n’y a qu’à observer notre langage pour comprendre que nous ne sommes pas en paix avec notre sexualité. L’accouchement a tout à voir avec la sexualité. 

D’un point de vue hormonal, les deux évènements ne font pas de différence. L’accouchement est comparable à un acte sexuel amplifié. Les problèmes et traumatismes sexuels que nous portons ont toutes les chances de rendre plus difficile notre accouchement, en créant de la résistance. Pour accoucher dans l’accueil et le plaisir, il peut être important pour certaines femmes de démarrer un travail personel, spirituel ou psychothérapeutique sur ce thème préalablement à la naissance.

5. Le manque de confiance en soi et en son corps

Beaucoup de femmes connaissent une phase de découragement durant leur accouchement. “Je ne suis pas capable”, “ça ne marchera pas”, “ça ne passera pas”, “il y a un problème”, voici le genre de phrases que l’on peut entendre dans cette phase difficile. Elles ne font que révéler un manque profond de confiance en elles et en leur corps.

Toutes sortes de maladies psychologiques et physiques (comme le cancer) propres à notre civilisation nous donnent à croire que notre corps peut se retourner contre nous à tout moment. Nous avons beaucoup de mal à voir que les dysfonctionnements du corps et de l’esprit ne sont qu’un symptôme de notre grande déconnexion à nous-mêmes. En réapprenant à voir l’infinie sagesse de nos corps et en réapprenant à les honorer, nous pouvons tout changer, à commencer par la naissance de nos enfants.

6. L’accouchement est considéré comme une urgence médicale à traiter

En tant que “patiente”, les mots “maladie”, “danger”, “douleur”, “urgence” prédominent dans votre esprit. À quelle sauce allez-vous être mangée : ventouses, forceps, épidurale, épisiotomie, pitocin, césarienne… ? Le caractère “urgent” déclenche l’activation du système hormonal du stress (cortisol et adrénaline), celui qui prépare le corps à se battre, à fuir ou à se prostrer. 

Or, pour que votre bébé naisse sereinement, votre corps a justement besoin de n’être ni en lutte, ni en fuite, ni en prostration ; il a besoin d’activer le système hormonal de la détente et de l’amour (mené par l’ocytocine), celui qui prépare le corps à donner naissance. Toute urgence ou danger ressentis durant l’accouchement viennent activer les hormones du stress, qui elles-mêmes inhibent celles de l’accouchement.

7. Le manque de mouvements

Trop de femmes négligent l’importance de bouger, marcher et danser avant et pendant l’accouchement. Elles restent assises ou allongées, oubliant que leur corps a besoin de s’oxygéner, que leur bassin a besoin de s’ouvrir et que leur bébé a besoin d’être balancé pour faciliter la naissance. 

Si vous pouvez avoir besoin de repos en position horizontale à certains moments, ne négligez pas pour autant de vous mettre en position verticale dès que votre corps vous le permet. Il s’agit de se mettre à l’écoute des sensations de son corps. Important : veillez bien à votre équilibre nutritionnel pour ne pas manquer d’énergie lorsque votre corps aura besoin de mouvements.

8. Une position inadaptée

Quand nous vous disons “accouchement”, quelle image vous vient-il ? Une femme en souffrance allongée sur un lit d’hôpital, les jambes écartées dans des étriers ? C’est en effet la position d’accouchement la plus commune, encore aujourd’hui. Pourtant, cette position est la moins adaptée à la descente et au passage de l’enfant et ne permet guère à la femme de se sentir en intimité.

Jusqu’à il y a encore quelques années les sages femmes ne savaient faire accoucher la femme que sur une seule position : allongée sur le dos et les jambes écartées. Aujourd’hui, on sait par toutes les études qui ont été menées sur le sujet, que la position allongée sur le dos est celle qui cause le plus de douleurs et le plus de problèmes sur le déroulement de l’accouchement. Les maternités suédoises l’ont compris depuis bien longtemps ; en France, il faudra sans doute attendre encore quelques années voire dizaines d’années pour que cette conscience se soit généralisée.

Toutes les femmes qui accouchent de manière naturelle sans douleur choisissent leurs positions durant toute la durée du travail. Elles ne se font ou ne se laissent pas diriger vers une position qui ne leur convient pas.

9. Une atmosphère inadaptée

Coupée de leur cocon familiale, dans le milieu souvent froid et aseptisé de l’hôpital, la femme se retrouve plus facilement dans un état de fatigue, de froid, de faim ou de soif. Chacun de ces états étant un facteur d’augmentation de la douleur, il est essentiel de veiller à ce que la maman comble ses besoins durant l’accouchement, d’autant plus lorsqu’elle n’est pas dans sa sphère familière.

Le sentiment d’insécurité et de manque d’intimité que peut provoquer une atmosphère froide et médicalisée rend plus fastidieux le relâchement total de la maman et la libération des hormones de la naissance, notamment de l’ocytocine. Il est essentiel de recréer autant que possible une atmosphère familière, intime et chaleureuse sur le lieu de son accouchement.

10. Le Pitocin ou Syntocinon

Les déclenchements d’accouchement se sont banalisés. L’administration de Pitocin (ocytocine artificielle) pendant l’accouchement concernerait plus de 50 % des naissances à l’heure actuelle en France. Il n’y a pas de doute sur les bons résultats que cela produit pour l’industrie pharmaceutique ; c’est par contre beaucoup plus discutable pour les femmes et leurs bébés.

Le Pitocin accélère l’accouchement en provoquant des contractions utérines intenses à un moment où le corps n’est pas encore prêt à recevoir ces contractions. L’endorphine, hormone qui inhibe la douleur, est sécrétée naturellement par le corps lorsque celui-ci est prêt à recevoir les vagues de contractions. Sans cet anesthésiant naturel, la femme et le bébé souffrent beaucoup plus de l’accouchement.

En outre, sachez que le Pitocin n’est pas sans effets secondaires pour la maman et le bébé.

Les obstacles à un accouchement doux et serein sont nombreux nous direz-vous. Vous avez raison, mais ils sont loin d’être insurmontables ! Tout ce dont vous avez besoin c’est de conscience, de confiance et de préparation. Nous sommes là pour vous accompagner à rêver et préparer la naissance de vos rêves. Dites-nous dans les commentaires ci-dessous si vous avez aimé cet article et quels sont les plus grands obstacles que vous rencontrez pour vivre l’accouchement de vos rêves !

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